hôtel des frères Ollivier actuellement immeuble

Hôtel construit pour les frères Alexandre et Mathieu Ollivier, marchands banquiers, à l'emplacement de plusieurs parcelles acquises entre 1706 et 1711. La présence de l'architecte Joseph Duc (1676-1724) comme témoin lors de la passation de trois de ces actes incite à lui attribuer la paternité du projet (AD 54, B 829 72), d'autant que la façade sur la rue Saint-Nicolas comprend des éléments de décor (frontons, moulures des piédroits) proches d'autres bâtiments attribués avec certitude à celui-ci. L'hôtel situé entre la rue Saint-Nicolas et la rue Saint-Julien est complété par des remises, une écurie et un jardin situés entre la rue Saint-Julien et la rue Montesquieu (actuels 29 ter et 31 rue Saint-Julien, et jardin du 16 rue Montesquieu). Suite à des difficultés financières, Alexandre Olivier est contraint de revendre l'ensemble au duc de Lorraine Léopold (1697-1729), le 21 février 1727, pour y installer les bureaux de la ferme générale. En 1767, l'hôtel, désormais privé de ses dépendances, est la propriété du sieur Toutaint négociant (Etat des maisons de la ville, 1767). Il fait l'objet d'une campagne de rénovation à la fin du 18e siècle (garde-corps escalier corps B et partie haute escalier corps A). Le corps B sur la rue Saint-Julien est surélevé durant le 19e siècle (surhaussement du dernier niveau et création d'un étage de comble), et transformé en immeuble. Albert Friot, membre du Conseil général et adjoint au maire de Nancy, y a habité jusqu'à sa mort en 1905 (Badel, p. 221). L'aménagement d'un commerce en rez-de-chaussée en 1954 a entraîné une importante dénaturation de l'édifice : percement d'une devanture de boutique sur la rue Saint-Nicolas, aménagement d'un garage sur la rue Saint-Julien, et fermeture de la cour en rez-de-chaussée (AM Nancy, 668 W 265).

Hôtel à deux corps de bâtiments (A et B) et un corps de liaison (C) séparés par une cour. Le corps principal A à l'alignement sur la rue Saint-Nicolas présente une façade antérieure à cinq travées et trois étages, dont la hauteur des baies est décroissante. Les fenêtres sont ornées de crossettes. Elles sont reliées entre elles à chaque niveau par un bandeau mouluré formant appui, décoré au droit de chaque piédroit d'un culot feuillagé. Les fenêtres du premier étage sont surmontées d'un entablement dorique à triglyphes qui supporte des frontons alternativement triangulaires et cintrés. La porte cochère décentrée à gauche, traitée en bossages continus en table, est également surmontée d'un entablement dorique dont les métopes sont ornées de fleurons. Le porche traversant (aujourd'hui condamné côté cour) donne accès à un escalier dans oeuvre à retours sans jour, en maçonnerie (IM54014903). Le corps B a également cinq travées sur deux étages et un étage de comble. Les fenêtres, dont le corps de moulure reprend celui du corps A, sont traitées plus simplement (linteau droit sans crossettes). Une porte cochère décentrée à droite se trouve dans le prolongement de celle du corps A. A sa gauche, une porte bâtarde donne accès à l'escalier à retours, en maçonnerie (IM54014904). Les caves occupent l'ensemble de la parcelle, y compris l'espace de l'ancienne cour. Elles abritent l'ancienne cuisine, éclairée sur cette dernière par une fenêtre barreaudée donnant sur un saut-de-loup. Elle contient une cheminée à piédroits en console et linteau droit fortement mouluré, et un four à pain. Une petite ouverture permettait de puiser l'eau dans la gaine du puits.