La commune se trouve sur le tracé de la voie romaine Langres-Strasbourg, dans la Forêt de Piteroye (ou Pètre-voye, c’est-à-dire Voie de pierre) actuellement bois de la Pitrois. (Fournier, A. Topographie ancienne du département des Vosges. La plaine (2e partie), 8e fascicule. Epinal. 1899.). Le toponyme en -villa indique que Ahéville est certainement apparu lors de la vague de peuplement entre le VIIe et le IXe siècle ap. J.-C. Le nom du village, Oheiville, est attesté dès 1282. Ahéville dépendait du bailliage de Darney depuis 1751. Au spirituel, la commune était partagée entre les paroisses de Rabiémont et de Blaye, doyenné de Jorxey. De 1790 à l’an IX, Ahéville a fait partie du canton de Mirecourt.
Le village a beaucoup souffert lors de la guerre de Trente ans et de l’épidémie de peste de 1632. Il compte 50 ménages avant les guerres et plus que 2 conduits en 1655 et 1666, avec seulement 7 chefs de famille. (Idoux. Les ravages de la guerre de Trente ans dans les Vosges.1912). Aussi, aucune ferme ne présente aujourd’hui d’éléments architecturaux visibles antérieurs au 17e siècle, hormis trois baies et deux encadrements de porte charretière chanfreinés.
Les bâtiments datés par une pierre gravée ont été construits ou rénovés en 1723, 1727, 1781, 1798, 1804, 1830 et 1886. Les autres fermes sont datables des 17e, 18e et 19e siècles (critères morphologiques et architecturaux, cadastre ancien). Ces dates évoquent d’une part la période de reconstruction après la guerre de Trente ans soutenue par la politique du Duc Léopold au début du 18e siècle ; et d’autre part le développement démographique du 19e siècle. La population du village de 24 habitants en 1710, passe à 179 personnes en 1793, pour atteindre un maximum de 228 habitants en 1846. Puis cette population chute progressivement pendant le siècle et demi suivant en raison de l’exode rural (59 habitants en 1982).
A la fin du 18e siècle, de manière singulière, « l’instituteur et le berger partageaient la maison commune, l’un à droite, l’autre à gauche. Ce bâtiment mixte, embryon du local actuel, était peu spacieux. Une cuisine à chacun ; le poêle de l’instituteur servait de salle de classe, et le poêle du pâtre servait d’écurie ou bergerie. […] La fenêtre de la cuisine ; elle était ½ d’une vitre ordinaire et éclairait assez mal le pauvre ménage. » (Ranguin, C. Ahéville avant la Révolution. 28 février 1889. sources : AD88 - 11T14/1). Cette construction a disparue.
L’observation du recensement de la population en 1886 (AD88 - 6M545) montre un village de cultivateurs, comprenant un nombre assez important de vignerons-polyculteurs. Quasiment toutes les femmes sont brodeuses (11), dentelières (9), perleuses (6), couturières (3) et tricoteuse (1). On relève aussi quelques artisans (boulanger, charron, menuisier, maréchal-ferrant) et un marchand. Un berger communal est signalé jusque vers 1901, habitant rue de Blaye, probablement dans la maison détruite de la parcelle cadastrale 2018 B 427. Les pratiques de la vaine pâture et de l’assolement triennal sont encore en vigueur dans la commune à la fin du 19e siècle (sources : AD88 - 2O2/9).
Selon les statistiques agricoles communales de 1857 à 1899 (sources : AD88 – Edpt2/3F1 - Agriculture), Ahéville est essentiellement agricole, produisant principalement jusqu’à la fin du 19e siècle, du blé et de l’avoine, ainsi que des pommes de terre, du seigle, des légumes (pois, fèves, lentilles, carottes et autres racines), du chanvre et de la vigne. Le développement de l’élevage bovin nécessite une plus importante production de betteraves fourragères, de trèfle, de luzerne et de sainfoin (prairies artificielles). Par exemple en 1852, le village compte 117 bovins, 60 chevaux, 52 porcins, ainsi que 99 moutons et 7 caprins, en plus de la volaille. Les productions ne sont toutefois pas mécanisées puisque seulement 13 charrues, 6 machines à battre et 29 charriots à quatre roues y sont signalés.
Le commerce de vin et de grains, ainsi que plusieurs carrières de grès sont également à relever. L’écoulement de ces produits agricoles et autres se fait à Mirecourt. (Lepage et Charton. 1845).
Les fontaines-lavoirs du village sont multipliés et modernisées en 1858 et 1880, mais le projet d’adduction d’eau potable prévu dès 1929, est ajourné jusqu’au milieu du XXe siècle, à défaut de moyens de financement, suite à l’électrification du village en 1925 (AD88 - 2O2/11).